« L’Arabie saoudite n’a jamais accepté que le Yémen soit indépendant », explique Bernard Hourcade. Pour le chercheur, si la rivalité entre ces deux pays se veut ancienne, elle répond avant tout à un désir de puissance contemporain. Ce, malgré une tradition de formation des élites iraniennes sur le sol libanais, le Chah ayant été lui-même formé au pays du cèdre. Ainsi, le parrainage saoudien s’est manifesté dès la supervision de la signature de l’accord de paix – accord de Taëf, 1989 – mettant fin à 15 ans de guerre civile. En effet, répondant au « I » d’International, une majorité d’Iraniens militent pour le rétablissement des relations irano-étasuniennes. En 1980, l’Irak profite de la révolution islamique pour essayer d’avancer sur le territoire iranien. En cassant la dynamique de dégel « double voie » amorcée par Barack Obama, Donald Trump s’inscrit dans le prolongement des politiques étrangères de ses prédécesseurs. Mais c’est aussi leur relation aux États-Unis, alliés de l’Arabie Saoudite mais perçus comme une menace par l’Iran, qui les divise. « L’Arabie saoudite n’a jamais accepté que le Yémen soit indépendant », , explique Bernard Hourcade. Ainsi, Téhéran a eu peur d’une prise de pouvoir par Al-Qaïda ou Daech à Damas, les deux étant véhément anti-chiites, et ayant des liens plus ou moins confirmés avec l’Arabie saoudite. Les champs obligatoires sont indiqués avec *. Cette bonne volonté s’était manifestée sous la présidence de Barack Obama avec la signature de l’accord de Vienne. Lors du sommet, les deux puissances s’affrontent verbalement : le ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif prend ainsi à partie son homologue saoudien et accuse le Royaume d’être responsable des attentats du 11 septembre 2001. ». Pyramide des âges: Arabie Saoudite - 2020. [4] PARKER T. HARTT, Saudi Arabia and the United States : Birth of a Security Partnership, Indiana University Press, 1998. Bien que soudaine, cette dégradation des relations entre les deux grandes puissances de la région n’a pas pour autant été perçue comme un coup de tonnerre ; les rapports qu’entretenaient Ryad et Téhéran étaient en effet loin d’être au beau fixe, les deux États… « Il correspond à une légère ouverture des États-Unis vis-à-vis de l'Iran, et traduit l'agacement américain envers l'Arabie saoudite. De son côté, l’Arabie saoudite craint un soulèvement qui aurait pour origine des revendications démocratiques, tout particulièrement de sa minorité chiite. En effet, un mouvement de contestation houthiste – du nom du fondateur Hussein Badredin Al-Houthi, groupe chiite de tendance zaydite –, représentant un tiers de la population, émerge. Mais, ils n’ont pas une culture impérialiste : c’est un pays qui n’a jamais conquis de territoires adverses – sauf sous Darius au VIème siècle av. A travers le conflit syrien, l’Iran et l’Arabie saoudite sont enfin reconnus comme deux acteurs majeurs par la communauté internationale. Les tensions entre les deux pays ont parfois engendré des affrontements : en 2016 un haut Mentions légales. Dans l’onde de choc politique des « Printemps arabes », le président yéménite Ali Abdallah Saleh est contraint à la démission, en novembre 2011, sous la pression de l’Arabie saoudite et des États-Unis. En cause, notamment, le, limogeage du lieutenant-général Abdel Wahab Al-Saadi, commandant en second du service irakien de lutte contre le terrorisme (CTS). & THERME C. (printemps-été 2016). Lors du sommet, les deux puissances s’affrontent verbalement : le ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif prend ainsi à partie son homologue saoudien et accuse le Royaume d’être responsable des attentats du 11 septembre 2001. Vous ne pouvez pas être les deux à la fois ». Damas, qui assure la tutelle au Liban, sert de tampon face à l’influence des deux puissances, jusqu’au retrait de ses troupes en 2005. Bien que les chiites soient majoritaires au Liban, ils ont longtemps été marginalisés. La sanction du Royaume est sans appel quand le 19 février, une aide de 4 milliards de dollars, consentie au Liban deux ans plus tôt, est suspendue. Au contraire, le prince montre un tout autre visage. Le Liban commet alors l’erreur de ne pas signer ce texte en précisant garder ses distances. Cette amitié est souvent résumée à la « légende du Pacte du Quincy » : il s’agirait d’un marchandage pétrole contre sécurité, en 1945, entre Franklin Roosevelt et Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud. Rouhollah Khomeini, ayatollah, issu de la tendance révolutionnaire religieuse, contraint à l’exil dans les années 1960, prend le pouvoir. "Les raisons profondes des tensions demeurent, conclut la chercheuse. Bagdad n’entretenait auparavant que peu de relations diplomatiques avec l’Arabie Saoudite. Offrez gratuitement la lecture de cet article à un proche : « Arabie Saoudite-Iran : les dessous d'un timide rapprochement ». [3] BIANQUIS T. (1996), « Méditerranée arabe, Asie musulmane, où passe la frontière ? Soucieux de freiner les ardeurs de son concurrent, l’Arabie saoudite imposait jusqu’ici sa politique des vannes ouvertes, visant à dresser des barrières à l’entrée et affaiblissant du même coup les producteurs américains d’huile de schiste, les Russes, et, l’Iran, tributaire des hydrocarbures pour financer son budget d’après Jean-Michel Bezat. Plus tard, ce sont ces nationalistes évincés du pouvoir et les religieux les plus fondamentalistes qui fomentèrent les réseaux de construction d’Al Qaïda puis de Daech. Les événements s’accélèrent après l’exécution du cheikh chiite Nimr, en 2016. Les Iraniens multiplient alors les relations amicales, religieuses et culturelle avec l’Irak… pour mieux asseoir leur influence régionale. (17 Septembre 2019) « Le conflit entre l’Iran et l’Arabie saoudite expliqué en 4 points ». Toutefois, si la chute des cours touche relativement peu l’Iran en 2020, elle pourrait s’avérer dévastatrice à long terme pour l’Arabie saoudite dépendante des revenus de l’or noir. Le Chah s’exile aux États-Unis. Pour Bernard Hourcade : « On ne peut pas bloquer l’Iran. Rien ne garantit, toutefois, la réussite d'une telle approche, car Téhéran n'a plus la même emprise sur les milices chiites de la région. Mais, cette expérience traumatisante et humiliante pour les États-Unis donne le ton des relations irano-américaines jusqu’en 2015, marquées par un lourd embargo économique. L’une des guerres d’influence majeure entre l’Iran et l’Arabie Saoudite se déroule en Irak. D’ailleurs, comme le rappelle Radwan el-Sayyed, ancien conseiller de Saad Hariri, les Saoudiens jouent la carte de la discrétion : « C’est normal qu’ils soient discrets pour que leur position ne soit pas utilisée contre les mouvements populaires, accusés d’être influencés ou manipulés par Riyad » [16].